Ce photo-reportage réalisé au Mali en 2010, au Sud de Bamako, chez les cultivateurs Bamana, témoigne d’un rite consacré à toutes les fertilités (koushi son). Il se déroule selon un cérémoniel très élaboré construit selon des règles précises autour d’un arbre sacré. Il a pour but d’assurer une descendance à la population féminine, des récoltes abondantes et des troupeaux nombreux. Il est scandé de deux libations et d’un sacrifice. L’officiant, avec ses acolytes a en charge de se mettre en grâce avec les esprits et d’assurer l’intercession entre la terre et l’air.
Les villageois se réunissent et sont conduits par un orchestre cérémoniel vers l’arbre sacré, où trois statues féminines sont déposées dont une d’entre elles représente la fertilité idéalisée, une femme portant un couple de jumeaux des deux sexes sur ses épaules. Au pied de l’arbre, se trouve une petite termitière de forme phallique. Les femmes en rang serré ne vont cesser de danser au rythme de la musique. Le chef du village et le forgeron seront les officiants et sacrificateurs. Avec le kou shi son, nous sommes en présence d’un rite qui s’inscrit dans le cycle des saisons. Il est réalisé en fin de saison sèche, à un moment où les hommes sont dans l’attente du regain, que l’arrivée des pluies va déclencher.
Il est habituel de considérer que l’expansion des religions monothéistes et la confrontation au modernisme en Afrique sub-saharienne ont fait disparaître ou du moins profondément altéré les cultes animistes ancestraux des populations autochtones. De même, l’émigration des hommes à la recherche de travail a participé à l’effondrement des sociétés initiatiques masculines. En revanche, les femmes qui sont restées pour la plupart au sein de la communauté villageoise, ont beaucoup moins subi ces influences. Souvent seules avec les enfants, elles éprouvent le besoin d’être sécurisées dans une association mutuelle féminine où elles peuvent trouver soutien moral et financier. On retrouve dans ces communautés féminines le rôle charnière joué par les femmes du continent africain, à la fois les gardiennes de la tradition et des éléments moteurs du développement.
Ce rite fut décrit pour la première fois en 1910 dans cette région par le Père Joseph Henry et plus récemment en 1970 par le médecin Pascal James Imperato. A notre connaissance aucun document visuel n’a été à ce jour réalisé.
Daniel Bieysse – Bernard Vialettes